Détail
Le Fonds TURN pour la collaboration artistique entre l’Allemagne et les pays africains a été lancé en 2012 par la Fondation Culturelle Fédérale en Allemagne dans le but d’encourager le plus grand nombre d’institutions allemandes à s’intéresser à la créativité artistique et aux débats culturels d’actualité dans les pays africains.
Nouvelles thématiques et méthodes de travail par l’échange artistique
Les institutions culturelles allemandes de tous les secteurs sont invitées à tenter de nouvelles formes de collaboration artistique avec des partenaires africains et à développer des projets culturels communs. Le programme vise principalement à inciter les institutions et les porteurs de projets artistiques en Allemagne (musées, théâtres, compagnies de danse, associations d’art, compositeurs, écrivains, éditeurs…) à s’ouvrir à de nouvelles thématiques et méthodes de travail.
Dynamisme des scènes artistiques africaines
De nombreuses institutions allemandes ont déjà remarqué le grand dynanisme des scènes artistiques africaines. L’intérêt croissant pour l’esthétique et les thématiques des artistes contemporains africains s’explique du fait que leur confrontation avec la dynamique des processus culturels est très pertinente dans une perspective globale.
101 projets ont bénéficié d’une subvention dans le cadre du Fonds TURN. Pour répondre à l’intérêt croissant pour ces collaborations et ancrer durablement le lien des institutions culturelles et artistiques en Allemagne avec l’Afrique, la Fondation Culturelle a prolongé le Fonds TURN jusqu’en 2021 (fin de la durée du projet: septembre 2020).
Quels projets sont financés ?
Les subventions sont allouées à des projets artistiques contribuant de manière innovante à faire connaître la création artistique contemporaine dans les pays africains. Ces projets doivent également faire preuve d’une grande qualité artistique et disposer d’une visibilité publique en Allemagne. Le montant minimum de chaque subvention doit s’élever à 50 000 euros par projet. L’institution candidate doit participer par le biais de fonds propres à hauteur de 20 % du budget total. Les porteurs de projets d’un pays africain doivent déposer leur candidature en collaboration avec un partenaire institutionnel en Allemagne.
Lors de la première série de subventions, des financements ont été attribués pour des recherches préparatoires au projet.
Afin de promouvoir l’échange en termes artistique et de contenu entre les différents projets, la Fondation Culturelle Fédérale organisait une série de forums avec les artistes des projets sélectionnés (metteurs en scène, commissaires d’expositions, chorégraphes, écrivains, éditeurs, musiciens, designers, réalisateurs de films…) ainsi que des experts internationaux.
Jury
- Koyo Kouoh est commissaire d’expositions, productrice culturelle et auteure. Elle a fondé et dirige la RAW Material Company à Dakar (Sénégal), un centre pour l’art contemporain, le savoir et la société. Elle est également commissaire de la 1:54 Contemporary African Art Fair à Londres et à New York. Elle a récemment été nommée directrice artistique de la Fábrica de Sabão, une initiative pour l’art et l’innovation à Luanda (Angola). En tant que commissaire internationale et spécialiste de la photographie, la vidéo et les installations publiques, elle a contribué de manière significative à apporter de nouvelles perspectives mondiales dans la pratique curatoriale et a publié de nombreux articles sur l’art contemporain en Afrique. Elle a été commissaire des Rencontres africaines de la photographie en 2001 à Bamako, co-commissaire de la Biennale de Dakar de 2000 à 2004 et a conseillé depuis 2003 différentes directions artistiques à la documenta. En 2003, elle a été membre du jury du Lion d’Or à la Biennale de Venise. En 2016, elle a été commissaire de la 37e Biennale internationale EVA en Irlande. Elle est l’initiatrice de la RAW Académie, un programme d’études international sur les pratiques curatoriales à Dakar.
- Dr. Yvette Mutumba est historienne de l’art, commissaire d’expositions, journaliste et auteure. Elle est co-fondatrice et rédactrice en chef du magazine d’art contemporain Contemporary And (C&) et la chercheuse invitée principale du projet AfricanArt Histories and the Formation of a Modern Aesthetic (2015 – 2018) à l’Université de Bayreuth. De 2012 à 2016, Mutumba a été commissaire d’expositions au Musée des cultures du monde de Francfort. Elle y a co-organisé les expositions « Ware&Wissen », « El Hadji Sy : Painting, Performance, Politics » et « A Labour of Love » qui a été nominée en 2016 pour le Prix Global Fine Arts. En 2016, elle a organisé avec Julia Grosse le « Focus : Perspectives africaines » de l’Armory Show à New York. Elle a étudié l’histoire de l'art à l’Université libre de Berlin et a obtenu son doctorat à Birkbeck, l’Université de Londres. Mutumba a écrit et dirigé de nombreux articles et publications sur l’art contemporain d’une perspective africaine ainsi que sur l’histoire de l’art mondial.
- Jan Goossens est directeur de théâtre et dramaturge. Depuis 2016, il dirige le Festival de Marseille, un festival international des arts du spectacle à Marseille dont le focus principal est la région méditerranéenne, le Moyen-Orient et le continent africain. De 2001-2016, il a été directeur artistique du Théâtre Royal Flamand et du Théâtre national flamand à Bruxelles. Il a transformé ce dernier en lieu pluridisciplinaire et multilingue entretenant des relations à long terme avec Kinshasa et différentes villes d’Afrique centrale. De 2009 à 2015, il a organisé avec des artistes et partenaires locaux le festival annuel « Connexion Kin » à Kinshasa. Il a été co-commissaire de « Dream City 2015 », la Biennale d’art dans l’espace public dans la médina à Tunis pour laquelle il a été nommé commissaire en 2017. Jan Goossens a étudié la littérature et la philosophie à Anvers, Louvain et Londres. Le ministère français de la Culture lui a décerné pour son travail le grade de Chevalier des Arts et des Lettres. Il vit entre Marseille et Bamako où habite sa famille.
- Jonathan Fischer est journaliste, DJ et peintre. Il travaille depuis 1990 comme journaliste indépendant spécialisé dans la musique et la culture afro-américaines, afro-antillaises et africaines notamment pour la Bayerischer Rundfunk, la Süddeutsche Zeitung, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Die Zeit et la NZZ. Il effectue régulièrement des voyages de recherches au Mali, au Sénégal, au Congo, en Tanzanie et en Afrique du Sud. De 2001 à 2012, il a créé des pièces radiophoniques sur la musique de rue à la Nouvelle-Orléans, Durban, La Havane, Kinshasa et Bamako. Depuis 1995, il est rédacteur en chef de la série « Radical Black Music » aux éditions Trikont avec des numéros sur la musique de l’époque des Black Panthers, la country noire ou les débuts du rap et du blues contemporain. En 2006, il a été nominé pour le Golden Prometheus dans la catégorie du meilleur journaliste allemand (print). En 2007, il a remporté le Prix social allemand pour son reportage « zone de danger » paru dans le magazine SZ. Depuis 2012, il est engagé dans le travail éducatif auprès de jeunes réfugiés. Jonathan Fischer a fait des études de philologie américaine, de psychologie, d’éducation spécialisée et de peinture à Munich. Il vit à Munich.
Lors de leur première réunion en avril 2013, les membres du jury ont souhaité financer 12 projets pour un montant global de 1,4 millions d’euros. Le Comité directeur de la Fondation Culturelle a également décidé de soutenir 11 projets de recherche à hauteur de 88 570 euros.
Lors de la deuxième série de subventions du Fonds TURN, le jury a décidé de soutenir 14 projets pour un montant global d’environ 1 787 000 d’euros. Lors de sa réunion en mars 2015, le jury a voté le financement de 15 projets pour un montant global de 2 084 800 euros.
Jusqu’en 2019, la Fondation Culturelle met 4 millions d’euros supplémentaires à disposition. En 2015, le financement total s’est élevé à 10,4 millions d’euros. En 2016, le Fonds TURN a été prolongé jusqu’en 2021 (fin de la durée du projet : avril 2020) et a été doté de 3,8 millions d’euros supplémentaires.
Foren
TURN – réunion #2
La deuxième réunion TURN s’est déroulée du 2 au 4 juin 2016.
TURN – réunion #1
La première réunion TURN intitulée « On perspectives, Facts and Fictions » a eu lieu du 26 au 28 Juin 2014 à Berlin. Il s’agissait d’une conférence de travail à huis clos réunissant tous les participants du Fonds TURN. Cette première réunion TURN a favorisé l’échange entre les différentes institutions sur les questions de fond et de méthodes concernant leur projet respectif. Elle a également permis de donner un aperçu des discussions et des thématiques qui occupent leurs collègues du continent. Au programme, différentes tables rondes ont abordé divers sujets tels que:
- Représentation comme domaine de la lutte – Comment écrire / parler / discuter au sujet de l’Afrique?
- Organiser une exposition et collaborer dans le cadre de relations asymétriques, collaborations artistiques – Gain esthétique ou impasse artistique?
- Qui a besoin d’archives? – Créer et conserver l’histoire.
- Les nouvelles formes du "Nous" – Formes et cultures de collaboration.
- Imitation et moquerie – À propos des rencontres afro-européennes.
- Prendre des risques – Sur le rôle du risque dans le travail artistique.
Table ronde "Pre-Writing History: Past/Future"
Le 27 Juin 2014, une table ronde publique s’est déroulée à Berlin à l’initiative conjointe de la première réunion TURN (réunion #1) et de l’exposition "Giving Contours to Shadows".
Les représentations téléologiques du temps, telles que dictées par le projet des Lumières, stipulent que nous avons des idéaux concernant l’avenir ainsi que des idées et une représentation concrète de ce à quoi il doit ressembler (Elisio Macamo dans son essai « Accommodating Time – Confidence and Trust in African Everyday Life »).
Des événements qui se sont effectivement déroulés ne peuvent pas être modifiés. Mais l’histoire, enrichie de nouvelles informations et sous une perspective nouvelle, peut être racontée et écrite différemment. Une perspective passéiste n’est pas satisfaisante pour le présent, mais elle est instructive car elle nous apprend à reconsidérer soigneusement l’idée de l'avenir. Peut-on écrire d’avance l’histoire, anticiper et prescrire le futur? L’écrire tel que nous le souhaitons ? Pouvons-nous négocier, entre idéalisme et réalisme, une histoire future qui serait pré-écrite et prescrite?
Dans le contexte africain, le terme « post » est un concept très important opérant automatiquement un lien avec le passé. Existe-t-il des manières de penser rendant inutile le préfixe « post » ? Si nous agissions au-delà de l’histoire, comment pourrions-nous nous représenter l’avenir?
Participation : Premesh Lalu (Prof. d’Histoire, Directeur du « Centre Humanities Research » à l’Université du Cap-Occidental, Le Cap), Elvira Dyangane Ose (commissaire d’expositions, Tate Modern, Londres), Greg Tate (écrivain et musicien, New York), Jimmy Ogonga (artiste, Nairobi). Présentation : Bonaventure Soh Bejeng Ndikung (commissaire d’expositions, directeur de SAVVY Contemporary, Berlin)
Projets (allemand)
Contact
Anne Fleckstein
Kulturstiftung des Bundes
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